L'air est froid et humide, l'obscurité omniprésente...

Après une quinzaine de pas, les bottes de l'explorateur incertain semblent libérées de la substance visqueuse. Encore quelques pas et il atteint le mur de pierre froide au fond de la pièce. Se retournant, il constate que les silhouettes tordues qu'il peut difficilement distinguer ne bougent toujours pas. À travers le cadre de la porte par laquelle il est entré, il ne constate, avec soulagement, rien de spécial. Cependant, cela ne rend en rien son entourage moins inquiétant.

Prennant mon courage à deux mains, je me met à la recherche d'une nouvelle issue à cette pièce inquiétante.

Longer les murs de pierre froide lentement et malgré le stress s'avère une expérience beaucoup plus longue et éprouvante que prévue, néanmoins elle se déroule sans encombres. Après être parti sur la droite (lorsque regardant la porte de la pièce des gardes endormis), avoir tourné un premier coin de pièce (qui se trouve à sembler plutôt carrée pour le moment) et en avoir atteint un second, un mécanisme dissimulé entre deux pierres se laisse découvrir. Tout est encore tranquille pour le moment, certes, mais le peu d'information que le mécanisme laisse deviner à son sujet est que le déclencher a de fortes chances d'être relativement bruyant. Assez bruyant pour alerter qui voudra bien l'entendre. Surtout au milieu de la nuit, où chaque cliquetis semble retentir en se décuplant dans la noirceur.

Le risque en vaut sans nul doute la peine. Tenant d'une poigne ferme la garde de ma rapière, prêt à dégainer si l'aventure se révéjus de vache un échec, j'active le mécanisme. Priant les dieux pour que cette action ne soit pas ma dernière erreur, je me dissimule de mon mieux dans la pénombre, espérant que le mécanisme ouvrira une porte qui me permettra de fuir ce lieux peu hospitalier.

De lourds claquements de métal se font entendre, résonnant dans toute la pièce, alors que les pinions fixés au levier du mécanisme s'entrechoquent et crient leur usure. Un long grincement retentit, puis finalement le mécanisme semble se détendre dans un grand "clac" final, alors que le levier arrive au bout de son degré de liberté et que quelque chose se libère clairement d'une poigne métallique. Des bruits de chaines emplissent maintenant la pièce et des frottements se font entendre sur le sol, entraînant avec eux quelques sons aqueux. Certaines silhouettes sombres commencent à se déplacer dans un schéma indiscernable. Leurs mouvements imprécis et ballotant sont non sans rappeler ceux d'un mort-vivant sans conscience, mais surtout, ils révèlent par le mouvement de noirceur que chacune des silhouettes semble faire plusieurs têtes de haut de plus que l'intrus. Finalement, avant qu'une réaction ne puisse avoir été entreprise, tous les bruits et mouvements discernables cessent pour laisser place à un grincement accompagné de quelques cliquetis venant de l'autre côté de la pièce, similaires à ceux entendus lors du déclenchement du mécanisme, mais plus rapides et agressifs, puis terminés par un son de métal qui s'entrechoque lourdement.

Le son de va et viens de quelques chaînes rouillées rappelle encore ce qui vient de se passer alors que les oreilles habituées de l'infiltrateur se rendent compte d'un délicat bruit de bois provenant de la pièce adjacente...

Dans quel pétrin je viens de me fourrer moi là

Je jette rapidement un regard vers la pièce quittée peu de temps auparavant, craignant de voir les gardes se précipité. Toujours caché à l'abri de la noirceur je jette un nouveau regard en direction des grincements sinistres des chaines, aiguisant mes sens afin de voir de quoi il retourne.

L'intrus réalisa alors qu'il scrutait de ses yeux des cadavres suspendus à des crochets à viande, et que le liquide éparpillé sur le sol s'avérait être, conséquemment, du sang.

Alors que cette prise de conscience s'effectuait, un bruit de flammes crépitantes se fit entendre depuis l'entrée. Les deux brutes entrèrent sans cacher leur mécontentement dans la pièce, chacun une torche à la main, sondant l'obscurité.

L'un d'eux appela: "Bosseman?"

Voyant entrer les deux affreux, je me faufille discrètement derrière l'un des corps suspendu et me risque à réponde un "Quoi?" bien senti, avec l'espoir que les toussotements avec lesquels j'accompagne cette réponse sauront cacher à ces deux nigauds ma véritable identitée.

jus de vache! (tiens, c'est drôle ça...)

Visiblement décontenancé, l'interlocuteur répondit un fébrile "Euuuh...". Son compagnon, un peu plus costaud d'apparence, lui donna alors une tape sur l'épaule du revers de la main, exprimant à sa façon rustre une semi-réprimande. Ce dernier enchaîna en se tournant vers sa droite et grommela un "On n'allume, ey bosse..." tout en s'approchant du mur. Le premier, un peu penaud, se tourna alors sur sa gauche pour partir en direction opposée.

M'attendant déjà au pire je répond par un faible grognement: "hmpff". Ce faisant je me déplace de nouveau afin de placer les deux rustres de part et d'autre de ce qui m'apparait actuellement être ma seule issue: La porte!